J’entends cette chanson de Calogero, ses paroles toujours aussi magnifiques, je m’en souviens à présent combien ces chansons me touchaient, et je réalise alors qu’elles me touchent encore tout autant…
« Il sait que rien n'est plus cruel
Que le silence que la mer roule
Comme une caresse ou un appel »
Toutes ces larmes que je ne pouvais retenir, ces larmes qui venaient tacher ces feuilles couvertes de cette encre bleue, un bleu foncé, presque noir…cette encre qui me rappelle les eaux sombres…
« Alors les dents serrées
Il jette des galets
À la gueule des noyés
Pour voir la mer pleurer »
Et je réécoute ces paroles, et je pense encore à toi, toi qui n’es jamais vraiment sorti de ma mémoire, toi…avec qui j’ai partagé des rires, des colères, tant de choses qui ne s’effacent pas, toi…que j’appréciais peu au début, de plus en plus vers la fin… Ca n’a pas toujours été facile, et pourtant on appréciait se revoir finalement…notre travail portait ses fruits…
« Cravachée de lumière
La mer houle à la mort »
Et tu es parti, avec ta famille, on ne vous a pas vraiment laissé le choix, mais c’est toujours gravé là, quelque part dans mon esprit, quelque part dans mon cœur…
Tout est revenu à ma mémoire, cette petite maison particulière aux volets clos que je vois chaque semaine, ce silence pesant qu’on sent a travers les murs, j’en imagine même l’obscurité pénétrante dans ce salon ou je me sentais mal à l’aise parmi tous ces objets qui n’étaient que marque d’une certaine bourgeoisie…
Aujourd’hui, je me dis que ce jardin, toujours entretenu et soigné auparavant…j’imagine déjà cette herbe qui a souffert de l’été, le tapis de feuilles mortes qui commencent à recouvrir le sol… Les publicités que je voyais s’accumuler dans la boite aux lettres, la voiture jamais sortie…
« Plus loin que l'horizon
Là où l'ombre s'efface »
Une photo de nous jamais développée, le temps a préféré filer, vous emporter, vous déposer je ne sais où, mais bien trop loin de cette réalité à laquelle je voulais échapper…pourtant je suis là, et toi, ou es tu ? Et vous, ou êtes vous ? Bien loin dans la mer, dans l’océan, loin de ce rivage… Vos visages se perdent, et dans ma mémoire le flou apparaît, pourtant…je me souviens…