Neuf années se sont closes. La dernière note résonnait encore dans ce lieu saint. Un dernier regard, et le silence fut. Il laissa bien vite sa place aux applaudissements.

Je ne voyais plus personne, et le sourire sur le visage des professeurs me montrait que tout s'était bien passé. On replia les partitions et en quelques pas nous fûmes assises à nos places laissant le devant de la salle aux suivants.

La chappelle de cette maison de repos médicalisée accueillait ces mélodies avec sérénité depuis plusieurs années, c'était pourtant la première fois que malgré la pression qui montait je me sentait bien et sure de moi.

Tout ne fut pas parfait, et l'imprévu prit place lorsque le seul bébé présent dans la salle se mit à pleurer. Introduction du morceau jouée à demi sourire en solo. Attendrie et perturbée. Puis la flûte traversière entra à la troisième ligne de portée. Un tango qui n'en donne pas l'air, du Piazzolla.

Se regarder, respecter les nuances, les ralentis. Une harmonique, deux et puis on repart. Une autre partie, en mineure puis la tonalité majeure reprend triomphalement sa place. Trois harmoniques, un ralenti, et un accord.

L'apothéose de la seconde page était déjà loin, je me sentais bien, la tête ailleurs de cette endroit, dans un monde à part. J'étais bien, malgré les dérapages, les notes justes qui sonnaient un peu fausses...

Neuf années, une dixième à l'horizon? Peut être...

Elle était belle cette année, un nouveau professeur même si l'autre me manque, celle-ci était très bien et vraiment gentille. Un beau duo avec une agréable flûtiste.

Et la porte se ferma derrière nous laissant d'autres élèves jouer. Il faisait beau, chaud, des notes et des sourires pleins la tête.

Mi si do mi sol si mi...